Thiébaut IX
Les oculi de l’église de Chaligny

Nouvelle photo de groupe : les conscrits de la classe 1948

Thiébaut IX, dit le Jeune
Sire de Blâmont, seigneur de Neufchâtel, d’Epinal, de Châtel-sur-Moselle, , seigneur de Chaligny

Fils de Thiébaut VIII et d’Agnès de Montfaucon-Montbéliard
° vers 1412, + 4 décembre 1469 (enterré à l’abbaye cistercienne de Lieu-Croissant)

Maréchal de Bourgogne dès 1444, gouverneur de Bar, Chevalier de la Toison d’or

Marié avec Bonne de Chateauvillain, dame de Grancey
Fille de Bernard de Chateauvillain
+ 9 août 1474 (enterrée à l’abbaye de Lieu-Croissant)

Dont 12 enfants :

  1. Thiébaut X de Neufchâtel, capitaine et seigneur d’Héricourt, maréchal de Bourgogne (1438-1462, probablement enterré à Belval). Il meurt avant son père.
  2. Henri de Neufchâtel, filleul de la comtesse Henriette de Montbéliard, sa tante
  3. Antoine de Neufchâtel, abbé de Luxeuil et évêque de Toul de 1460 à 1495
  4. Claude, seigneur de Neufchâtel, Vicomte de Baume, Lieutenant-Général du Luxembourg et de Bourgogne, maréchal de Bourgogne ( 1449-1505), marié au Luxembourg, le 16 mai 1465, avec Bonne de Boulay ou Bolchen (+ après mai 1515), dame de Fay, fille aînée et héritière de Jean, seigneur de Soleuvre, de Berbourg et de Mont Saint Jean, prévôt de Luxembourg, et de Marguerite d’Autel (Elter), dont 4 enfants :
    1. Thiébaut XI, seigneur de Soleuvre (° 1478, + 1501)
    2. Bonne (+ 1515), mariée à Louis comte de Blamont (+ 1504), puis à Guillaume de Fürstenberg (+ 1549)
    3. Marguerite, abbesse de Baume et de Remiremont (+ 1549)
    4. Elisabeth (° 1492, + 20 novembre 1533), mariée au comte Félix de Werdenberg et Heiligenberg, chevalier de la Toison d’Or (+ fin juin 1530), cousin de l’empereur Maximilien 1er de Habsbourg, puis, en 1533, à Dietrich IV, comte de Manderscheid-Schleiden (+ 1551). Elisabeth héritera de son oncle Henri de Neufchâtel la seigneurie de Chaligny.
  5. Léonard de Neuchâtel, chanoine à Besançon et Verdun (+ 1475/78)
  6. Louis de Neufchâtel (+ 1479/80)
  7. Jacques de Neufchâtel, abbé (1451-1490)
  8. Guillaume de Neufchâtel, seigneur de Montrond (1458-1505) dont un fils :
    1. Antoine, bâtard de Neufchâtel, seigneur de Montrond, marié avant 1506 avec Marguerite de Vaudrey
  9. Agnès, religieuse à Remirement jusqu’à sa mort en 1474
  10. Jeanne (1448-1488), mariée avec Gérard de Longwy, seigneur de Givry-sur-Doubs et Binans
  11. Marguerite, abbesse de Baume-les-Dames (+ 1493)
  12. Catherine II de Neufchâtel-Remiremont, princesse-abbesse de Remiremont (1455-1501)

Si Thiébaut IX est un des plus importants conseillers de Philippe le Bon et de Charles le Téméraire, chacune de ses nominations et élévations de grade se traduit, pour Chaligny, par une imposition conséquente des habitants.

Philippe III le Bon, duc de Bourgogne (JPG)

Philippe III le Bon
duc de Bourgogne
(1419-1467)

Le 11 août 1443, Thiébaut IX est nommé maréchal de Bourgogne par Philippe III le Bon. Il n’a que 26 ans. Cette nomination coûte 150 florins d’or à tout le ban de Chaligny (y compris Chavigny et Neuves Maisons).

Isabelle du Portugal, épouse de Philippe III le Bon (JPG)

Isabelle du
Portugal
(1397-1471)
épouse
de Philippe III

Sous une apparence chétive et trompeuse, il cache un caractère hardi, ambitieux, vindicatif, implacable. Il est très conscient de sa valeur et fier de sa lignée.

Rude et vaillant soldat, il est armé chevalier en 1453, à l’âge de 26 ans, le matin de la bataille de Grave au cours de laquelle les Gantois sont vaincus.

Conformément au droit féodal, le ban de Chaligny est de nouveau taxé de 200 florins d’or.

En 1456, le futur Louis XI, inquiet pour sa vie, demande aide et protection à la Bourgogne et se réfugie chez Thiébaut de Neufchâtel. Ce dernier lui fait traverser la Lorraine, avec peut-être un arrêt à Chaligny, et le conduit jusqu’aux Pays-Bas.

Le 3 octobre 1460, influencé par la diplomatie bourguignonne, le pape Pie II nomme Antoine de Neufchâtel, âgé de 12 ans, fils de Thiébaut IX, évêque de Toul. Malgré son jeune âge, Antoine devient administrateur apostolique pour son diocèse, mais doit attendre de longues années pour être consacré.

Cette nomination mécontente à la fois le clergé,les fidèles, et le duc de Lorraine, très inquiet de la puissance de son voisin. En effet, Thiébaut IX a hérité des fiefs importants de son père et, par l’intermédiaire de son fils Antoine, il peut maintenant contrôler les domaines considérables de l’église de Toul.

En 1462-1463, les Neufchâtel ne paient plus depuis plusieurs années les droits féodaux dus à leur suzerain, le duc de Lorraine.

Thiébaut IX considère la seigneurie de Chaligny comme un fief absolu et, en conséquence, avec un total mépris pour la suzeraineté du duc de Lorraine, élève un « gibet royal tel que jamais semblable n’y avait existé » entre le village et le Val de Fer.

Carte de César-François Cassini de Thury, 1750 (JPG)

La Justice, à côté du Moulin de Chavigny (en 1750)
d’après la carte de César-François Cassini de Thury

Ce lieu, aujourd’hui sur le territoire de Neuves-Maisons, s’appelle toujours « la Justice », ainsi que la rue qui y conduit.

Rue de la Justice à Neuves-Maisons (GIF)

Rue de la Justice à Neuves-Maisons

Le saviez-vous ?

César-François Cassini de Thury ou Cassini III, né le 17 juin 1714 à Thury-sous-Clermont (Oise), est issu d’une famille d’astronomes et de géodésiens.

-  Son grand-père, Jean Dominique Cassini ou Cassini Ier (° 1625 à Périnaldo, comté de Nice, + 1712 à Paris ), astronome italien, émigre à Paris à la demande de Colbert. Il dirige l’Observatoire de Paris créé en 1672 par Louis XIV, en tant que Maître de l’Observatoire. Il démontre les lois de rotation de la lune et découvre les satellites de Saturne.

-  Son père, Jacques Cassini ou Cassini II (° 1677 à Paris, + 1756 à Thury-sous-Clermont) s’intéresse plus particulièrement à la représentation de la terre. En 1719, il achète le château de Fillerval à Thury-sous-Clermont comme résidence d’été. A l’heure actuelle, ce château est très différent de celui des Cassini, en raison des travaux importants entrepris par les propriétaires successifs.

-  Ses frères et soeurs :

  • Dominique-Jean, l’aîné, suit son père à la Chambre des Comptes
  • Dominique-Joseph, son jeune frère, embrasse la carrière militaire
  • Suzanne-Françoise
  • Elisabeth-Germaine

En 1733, César-François, âgé de 19 ans, adresse un mémoire à l’Académie des Sciences sur l’importance des mesures géodésiques.

En 1746-1747, l’Académie des Sciences publie la première carte de Cassini composée de 18 pages à l’échelle 1:870 000.

Le roi comprend tout de suite l’importance militaire d’avoir des cartes de haute qualité. Il demande à Cassini de cartographier toute la France, soit 180 feuilles (75 x 105 cm environ) à l’échelle de 1:86 400 et une estimation de 20 années de travail pour accomplir cette tâche.

En 1747, il épouse Charlotte Drouin, fille de Louis François, seigneur de Vandeuil, dont il a deux enfants :

  • Jean-Dominique
  • Françoise-Elisabeth.

En 1748, il fait partie de la Chambre des Comptes et du Conseil du Roi.

En 1756, les guerres pour le contrôle de l’Amérique du Nord et des autres colonies interrompt le financement alloué à la réalisation des cartes.

Pour pallier à ce problème, César-François crée une association : cinquante donateurs, dont le Roi et Madame de Pompadour, lui permettent de continuer à travailler sur son projet. Cette association sera alternativement nationalisée et privatisée. Il monnaye également des portions de cartes, aux provinces ou aux villes intéressées.

La réalisation de ces cartes, dessinées à la main, va durer 30 ans, non seulement à cause des difficultés de financement, mais aussi en raison de la suspicion des autochtones pour les géomètres qui relèvent les différences de terrain avec des instruments jugés bizarres.

En 1765, César-François est seigneur de Villetaneuse, Directeur de l’Observatoire de Paris (charge héréditaire), associé aux Académies des Sciences de Paris, Berlin, Londres, Munich.

Son travail en tant qu’astronome est d’une importance peu significative.

A sa mort, le 10 septembre 1784 à Paris, seules 2 feuilles sur les 180 sont réalisées, Son fils Jacques-Dominique, comte de Cassini de Thury ou Cassini IV, (1748-1845), hérite de la position de Directeur de l’Observatoire de Paris. Il finit, non sans mal, le projet de son père, puisqu’à la révolution, il échappe de justesse à la guillotine !

Chaque carte est gravée sur une plaque de cuivre qui est toujours utilisée par l’Institut Géographique National pour l’impression.

Le 2 juin 1463, Thiébaut IX aide à la conclusion d’un traité entre Louis XI et le seigneur de Milan, traité désavantageux pour le duc de Lorraine. En récompense, Louis XI donne la ville d’Epinal à Thiébaut IX. Mais les bourgeois refusent cette décision.

Le 20 cotobre 1463, le maréchal de Bourgogne attribue, par testament, à son fils Henri de Neufchâtel :
-  Epinal
-  Châtel-sur-Moselle
-  Bainville-aux-Miroirs
-  Neufchâtel
-  Chastellot
-  Blâmont
-  Héricourt
-  et les principaux domaines de la famille.

En janvier 1466, Thiébaut IX attaque donc Epinal. Nicolas, fils aîné du duc de Lorraine délivre Epinal et Louis XI laisse les Spinaliens choisir leur seigneur : ce sera le duc de Lorraine.

Furieux, Thiébaut IX dresse la liste des griefs des Neufchâtel contre la maison de Lorraine.

En août 1467, Thiébaut IX souhaite apporter la guerre à toute la Lorraine, y compris au marquisat du Pont et à la terre de Woevre, mais à l’exception des évêchés de Verdun et de Metz, du comté de Vaudémont qui appartient alors à René (héritier du duché de Lorraine, à l’extinction de la dynastie angevine).

Thiébaut IX arme chacune de ses places et Chaligny reçoit 10 lances, 20 hommes à cheval et 100 hommes à pied. La garnison réquisitionnera la récolte de grains de Chaligny, mais aussi celles des villages à une lieue à la ronde, sauf ceux appartenant au comte de Vaudémont. Le vin des prochaines vendanges de Maron, Messin et Acraignes (Frolois maintenant) sera également saisi.

Selon les instructions données par Thiébaut IX, les villages lorrains sont mis à sac et brûlés, les paysans emprisonnés.

Conjointement aux procédures juridiques, les ducs René de Bar et Jean de Calabre lèvent des troupes. La noblesse des deux duchés accourt et, en peu de temps, une armée est constituée.

Les villages bourguignons sont dévastés, brûlés et leurs occupants emmenés prisonniers.

Tours de la Craffe à Nancy, vue intérieure (JPG)

Tours de la Craffe à Nancy
vue intérieure

Menée par le maréchal de Fenétrange, les Lorrains attaquent Chaligny avec une puissante artillerie. Quelques jours plus tard, la garnison capitule et les pourparlers engagés évite au village d’être brûlé, mais les paysans doivent payer une rançon. De plus, 120 habitants sont emmenés à Nancy et enfermés dans les tours de la Craffe.

Ils sont libérés après avoir versé une importante somme d’argent et prêté le serment de ne plus se rebeller contre leur véritable suzerain, le duc de Lorraine.

Cependant le château est détruit. A la fin du XVIIème siècle, on pouvait encore apercevoir une tour en ruines de l’ancienne forteresse des Vaudémont et des Neufchâtel.

En 1468, un fils du maréchal de Bourgogne, Claude de Neufchâtel, seigneur de Fay et gouverneur de Liverdun, est fait prisonnier.

Finalement, Charles le Téméraire impose une trêve aux belligérants.

Peu après, le 4 décembre 1469, à l’âge de 56 ans, Thiébaut IX meurt. Il est inhumé à chapelle de Notre-Dame de Lieu-Croissant, abbaye où était traditionnellement enterrés tous les Neufchâtel.

Le duc de Lorraine exerce ses droits de suzerain à Chaligny

Après s’être rendu maître des places du maréchal, le duc de Lorraine rase leurs fortifications. Chaligny a beaucoup souffert : le château est détruit, ainsi que l’église dont il ne subsiste que la tour, certainement bien endommagée.

Il confisque les terres qui relèvent de sa suzeraineté, notamment celles de Chaligny.

En remerciement pour les services rendus, le duc de Lorraine donne la seigneurie de Chaligny successivement à :

  1. Hardoin de la Jaille, qui n’en prend jamais vraiment possession, mais reçoit une somme annuelle de 900 florins d’or de l’administration lorraine qui gère la seigneurie de Chaligny. Outre les sommes payées habituellement aux Neufchâtel, les Chalinéens paient les frais de la guerre contre les héritiers du maréchal de Bourgogne.
  2. Antoine de Mohet : en février 1471, le duc Nicolas de Lorraine donne Chaligny en fief héréditaire à Antoine de Mohet, son conseiller et chambellan, et Hardouin de Joinville reçoit une indemnité. Une clause spéciale spécifie que Chaligny dépend maintenant du baillage de Nancy.
  3. Henri de Neufchâtel : le traité de paix du 4 décembre 1472 rend la seigneurie de Chaligny au second fils de Thiébaut IX. Antoine de Mohet, dépossédé de Chaligny, reçoit une indemnité qui n’est versée que quarante ans plus tard !

Sites externes

A propos de César-François CASSINI de THURY :

-  Observatoire de Paris

-  Institut Géographique National (IGN)

-  Site sur les unités de mesure

-  Université de St-Andrews à Fife (près de Dundee) en Ecosse (texte en anglais)

-  Famille de César François Cassini (texte en italien)

-  Canton de Mouy (où se trouve Thury) et les origines du cadastre

-  Cartes de Cassini (Bibliothèque Nationale de France)

-  Hampshire Maps : "L’indicateur fidèle ou Guide des Voyageurs" par Michel et Desnos, 1765. L’intérêt de ce site (en anglais) est de présenter des reproductions (grand format) de certaines illustrations du livre.




Mis en ligne le mercredi 9 avril 2008 par Axsane
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