Certains mots couramment et presque exclusivement utilisés en Lorraine font-ils vraiment partie du patois ? Une question se pose alors : qu’entend-on par patois ? S’il est facile de se prononcer pour les mots utilisés autrefois par nos parents et nos grands-parents, comment doit-on considérer les mots plus récents utilisés presque exclusivement en Lorraine ? Le patois est-il toujours "vivant" ?
Une langue, dite "vivante", s’enrichit, soit par la création de mots nouveaux, soit par l’emprunt de mots étrangers intégrés et parfois transformés. Pendant longtemps, la France fut la plus grande puissance mondiale et son impact sur les langues des autres pays fut important. Par exemple :
l’anglais possède 30 % de mots français, anglicanisés ou non.
en russe, les emprunts touchent certains domaines où l’influence française fut prépondérante, comme l’architecture avec les mots "trottoir, étage" simplement transcrits en cyrillique ; les précepteurs ou gouvernantes français ont introduit les mots "blond", "cache-nez", etc. et les cuisiniers français ont laissé les mots "crevette", "champignon", "côtelette", etc.
Ces intrusions de mots français dans les langues étrangères n’ont pas été unilatérales. Au cours des siècles, nous avons adopté et francisé tellement de mots étrangers qu’il est souvent difficile, maintenant, de déterminer leurs origines sans l’aide d’un dictionnaire.
Au 20ème siècle, l’Amérique, ayant pris la place de la France en tant que plus grand pays du monde, notre langue s’émaille de mots "franglais".
Des mots et des expressions sont sans cesse créés et utilisés :
soit à l’échelle de la France, grâce aux médias qui les diffusent largement,
soit au niveau d’une région ou d’une province, sachant qu’il ne faut pas comprendre ces termes en tant que découpage administratif, mais plutôt en tant que territoire aux limites plus ou moins définies.
soit par une profession, un groupe de personnes ou un milieu fermé. Dans ce dernier cas, les mots sont considérés comme faisant partie de l’argot (javanais, verlan, ou argots militaire, scolaire, des bouchers, des typographes, informaticiens, etc.).
Comme les langues étrangères, les patois ont subi l’influence française. Dans le cas du patois lorrain, ce fut d’autant plus facile qu’il était, comme le français, une langue issue du latin.
Le français et les patois lorrains se sont développés concurremment. Parfois plus proches du latin que le dialecte français, les patois lorrains s’en sont éloignés davantage en diminuant le nombre de flexions et en raccourcissant la longueur des mots.
Actuellement, peu de personnes parlent le patois lorrain et il serait sans doute plus pertinent d’utiliser le terme de régionalismes pour tous les mots qui survivent au temps et aux influences extérieures diverses.
A noter que certains régionalismes, non seulement perdurent dans leur région d’origine, mais finissent par être employés par tous les locuteurs français (quiche, chambouler), voire dans une grande partie du monde quiche, par exemple).
Pour ce site, seuls les mots et expressions employés par nos parents et grands-parents de Chaligny ont été retenus comme étant du patois lorrain.
(vieux français patrois, bas-latin patriensis, de la patrie)
(vers 1285, du radical patt (->Patte) exprimant la grossièreté, le marmonnage, le mouvement des lèvres).
Dictionnaire en ligne : mots et merveilles des mots d’ici et d’ailleurs
Apologie du patois par Charles Nodier, de l’Académie Française, publié en 1834.
Accents des Français, avec deux enregistrements de l’accent lorrain du Tholy (près de Gérardmer).