Au village, les informations s’échangaient pendant les rencontres qui avaient lieu principalement près des fontaines, des lavoirs, dans les cafés et à la sortie de l’église, ou au cours des veillées ou couarails.
Quelques vieux les écoutaient et participaient ou non aux conversations, tandis que les enfants, pour tromper l’attente, commençaient à jouer.
Habituellement, chaque lundi, le linge était transporté jusqu’au lavoir, soit dans un baquet, soit dans une brouette.
Le lavoir était différent de la fontaine. Il était surmonté d’un toit qui abritaient les laveuses des intempéries. Les rebords du bassin étaient larges et inclinés, afin que les laveuses puissent savonner le linge dessus.
Bien entendu, comme la fontaine, le lavoir permettait d’alimenter le voisinage en eau potable.
Les cafés étaient presque exclusivement fréquentés par les hommes. Les femmes y allaient rarement, et lorsqu’elles s’y rendaient, c’était toujours accompagnées.
Les principaux rassemblements au café avaient certainement lieu après la messe et lors de certaines fêtes, comme la Sainte-Barbe. Nul doute que le vin gris, produit sur place, devait être à l’honneur.
D’autres cafés existaient peut-être...
Ces endroits étaient privilégiés, car ils procuraient un moment de détente dans la vie laborieuse des villageois.
Les personnes les plus importantes dans les villages étaient : le maire, le curé et l’instituteur. Ce dernier, outre son poste à l’éducation nationale, occupait toujours celui de secrétaire de mairie : il possédait l’instruction qui lui permettait de pallier aux lacunes éventuelles du maire élu.Si le rôle de l’instituteur était culturel, celui du curé était spirituel et le maire veillait à la bonne marche de la commune.
La vie était également rythmée par le passage du garde-champêtre. Il faisait office d’appariteur. Revêtu de son costume, coiffé de son képi, son tambour en bandoulière, et ses baguettes à la main, il s’arrêtait à intervalles réguliers dans toutes les rues, faisait un long roulement de tambour, suivi de trois autres très brefs, puis proclamait les annonces de la mairie. Je me rappelle une de ces annonces qui avait fait rire tout le village où j’habitais : "Dorénavant, la mairie sera ouverte comme auparavant".
Les enfants jouissaient d’une grande liberté de mouvements. Ils sillonnaient le village sans contrainte, même les plus jeunes.
Cependant, tout adulte pouvait les réprimander en cas de bêtise. La pire menace était : "je vais le dire à tes parents", car après avoir été grondés par l’adulte qui les avaient surpris, les enfants pouvaient être certains de l’être à nouveau par les parents. Liberté de mouvements et d’action certes, mais restreinte par la vigilance de la communauté des adultes.
Une autre peur des enfants était le garde-champêtre ! Non pas que celui-ci soit méchant, mais les parents menaçaient souvent : "si tu n’es pas sage, je le dirai au garde-champêtre, et tu verras... ". Le garde-champêtre représentait la loi et le "tu verras..." des parents laissaient imaginer le pire.
A certaines périodes de l’année, le marchand de peaux de lapins, le ferblantier, et le rémouleur parcouraient le village.
Les ménagères utilisaient les peaux de lapins pour confectionner des vêtements, des couvertures ou des tapis.
Pour cet usage, la peau était alors débarrassée de toutes les adhérences qu’elle comportait, puis plongée dans un bain contenant de l’eau additionnée d’alun.
Ensuite, elle était mise à sécher sur un cadre et froissée périodiquement pour l’assouplir.
Si les peaux de lapins ne subissaient pas cette manipulation, elles étaient mises à sécher sur une baguette de noisetier, et étaient vendues lorsque le marchand de peaux de lapins passait dans le village.
Il annonçait sa présence en criant : "Peaux de lapins, peaux de lapin, ppôôpôooo"
Personne ne restait indifférent : les ménagères sortaient avec leurs peaux de lapins et les enfants, soit les suivaient, soit regardaient par la fenêtre, leur nez collé à la vitre.
En 1960, une peau valait 10 centimes. L’argent était donné aux enfants et vite placé à la Caisse d’Epargne de Neuves-Maisons qui n’ouvrait que le samedi.
A l’automne, l’alambic du bouilleur de cru emplissaient les rues du village de cette odeur bien particulière engendrée par la distillation des mirabelles.