La famille Chaligny
Les oculi de l’église de Chaligny

Nouvelle photo de groupe : les conscrits de la classe 1948

Pendant plus de trois cents ans, les fondeurs lorrains sont réputés pour l’excellence de leur travail dans la fabrication de cloches et de canons, aussi bien en France qu’à l’étranger, notamment en Hollande, en Italie (ancienne cloche de la tour penchée de Pise), à Genève. En 1669, plusieurs Lorrains sont employés dans les fonderies et les arsenaux du Roi de France, notamment les Chaligny.

Armoiries des Chaligny

Armoiries des Chaligny (JPG)

Armoiries des Chaligny

D’après l’Armorial Général de J. B. RIETSTAP, publié en 1887 (deuxième édition, page 398), les Chaligny ont été anoblis le 17 novembre 1639.

Leurs armoiries sont :

" de gueule (émail rouge) à deux tubes de canon d’or passés en sautoir (croix de Saint André), issant (sorti à mi-corps) de la gueule de chacun un boulet de même. Cimier (figure emblématique placée sur le heaume ou le casque au-dessus de l’écu) à un lion de gueule (rouge) tenant un boulet d’or."

Jean de Chaligny (1529-1615)

La famille des Chaligny porte, dès 1450, le nom du village dont ils sont originaires : Chaligny, et pratique, de père en fils, et avec talent, la fonderie.

Le premier des Chaligny, assez renommé pour que l’histoire conserve son nom est Jean de Chaligny. Né vers 1529 à Chaligny, il s’installe à Nancy à partir de 1551.

Il se marie avec Sébastienne-Denis Rainbault.

Vers 1559, encore obscur fondeur, il réalise un angelot de cuivre pour la fontaine de la grande cuisine du Palais Ducal de Nancy.

En 1576, Jean de Chaligny fait fondre le beffroi de l’église paroissiale Saint-Epvre de Nancy. Cette belle cloche portait l’inscription : "Jehan de Challegney ma faict. 1576", et fut détruite lors de la construction de la basilique "mineure", vers 1867.

La basilique n’a pas de paroisse, mais elle a la préséance sur toutes les autres églises, à l’exception de la cathédrale où siège l’évêque et qui est l’église-mère du diocèse. Une basilique est souvent construite à l’endroit où un saint a vécu, est mort, etc.

Seules quatre basiliques sont "majeures" et se trouvent à Rome(St Jean de Latran, Ste-Marie-Majeure, Saint-Pierre et Saint-Paul-hors-les-murs). Leur maître-autel est appelé "autel papal", car seul le pape peut y dire la messe. Toutes les autres basiliques sont "mineures".

Jean de Chaligny devient Maître fondeur de l’artillerie de Lorraine, sous le règne du duc Charles III. Cette promotion lui donne le droit de porter l’épée.

Une de ses oeuvres : la "Grande Couleuvrine" (lourde pièce d’artillerie de 22 pieds, soit 7,15 mètres environ) est l’orgueil de l’arsenal de Nancy, car c’est une des plus belles d’Europe. En 1616, Joducus Sincerus, dans son livre "Itinerarium Gallioe", écrit : "...et dans le nombre, on en remarque une dont la longueur est extrême (immensoe longitudinis) et à laquelle je n’ai rien vu d’égal, si ce n’est la couleuvrine de Douvres en Angleterre."

En 1550, chaque pièce d’artillerie avait son propre calibre et lorsque la pièce était détruite, les boulets ne servaient plus à rien. Devenu grand maître de l’artillerie, Jean d’Estrées s’emploie à rationnaliser le matériel militaire. Grâce à lui, la France adopte le système des six calibres, soit :

-  canon qui lance des projectiles de 33 livres et nécessite un attelage de 21 chevaux pour son déplacement
-  grande couleuvrine, projectile : 15 livres, attelage 17 chevaux
-  couleuvrine bâtarde, 7 livres, 11 chevaux
-  couleuvrine moyenne, 2 livres, 4 chevaux
-  faucon, 1 livre, 3 chevaux
-  fauconneau, 14 onces, 2 chevaux

Après l’invasion de la Lorraine par les troupes de Louis XIV, ce dernier ne résistera pas à l’envie de posséder une aussi belle pièce d’artillerie et, en 1670, il charge le maréchal de Créqui de l’amener à Paris.

Avant le système décimal, les mesures de longueur étaient calculées en pieds et en pouces.

-  Un pied, dit "pied du Roi", équivaut à 0,3248 mètre et 12 pouces

-  Un pouce = 0,027 mètre ou douzième partie du pied

Jean de Chaligny meurt le 23 mars 1615, à l’âge de 86 ans, et laisse deux fils Antoine et David qui vont continuer son oeuvre.

Il aurait eu une soeur, épouse de Jean-Marie de Villacourt, armé chevalier par le roi de France Louis XIII, capitaine de Vaucouleurs, puis gouverneur de Langres : voir à ce sujet le livre "Renée de Mauperin" de Jules et Edmond Goncourt (page 245).

David (1580-1631) et Antoine Chaligny (1580-1651)

Le 21 avril 1610 a lieu l’entrée solennelle du duc Henri II de Lorraine à Nancy. A cette occasion, "les gens du conseil de la ville de Nancy se disposant à faire des portiques et des arcs de triomple... ce prince leur fit savoir qu’il ne vouloit point qu’à ce sujet ils se missent en frais, mais qu’ils lui feroient une chose beaucoup plus agréable de convertir cette dépense en une statue de bronze qu’il vouloit être dressée sur la place publique à la mémoire de Charles III son père, ce qui dès lors lui fut promis". Cette statue équestre devait être placée sur un vaste bassin de fontaine sur l’actuelle place du marché. Seule une fontaine fut érigée en 1679.

Le 6 septembre 1620, Antoine de Chaligny, époux de Marie Bonnet, fondeur de Son Altesse, assiste en tant que témoin au mariage de son cousin Joseph MICHEL, jeune fils, maître apothicaire, fils de Daniel, échevin à Vic et Marguerite HENRY.

Les autres témoins du marié sont :
-  Christophe MICHEL, marchand à Vic, frère du marié,
-  Nicolas MANGETAIRE, cousin du marié.

La mariée est Marie HUYN, fille de noble Jean, avocat et de Marguerite de CHARMES et ses témoins sont :
-  Jacques de CHARMES, archiprêtre de Marsal, curé de Donnelay, oncle à la mariée,
-  noble Jean VITOUX, avocat, beau-frère à la mariée
-  Jean de LA PICONNE, docteur en médecine, beau-frère à la mariée,
-  Jean VAUCHIER, , greffier, cousin de la mariée.

Le montant de la dot de l’épouse est de 3 000 F.

Cette information a été trouvée sur le site Omegajet qui publie, entre autres, des relevés notariaux de quelques villes lorraines.

Très aimablement, le webmestre du site Omegajet m’a transmis un autre acte enregistré à Vic-sur-Seille où figure à nouveau Antoine de Chaligny :

Traité de mariage du 3 novembre 1613 :

"Honorable Christophe MICHEL fils d’honorable Daniel, échevin à Vic, assisté de son père, noble Dominique MARIOT, beau-frère, Claude MANGETER, marchand à Vic, Henry BOUE, marchand à Nancy, oncles, René ARNOULD, m°échevin à Lucy et Belmont, Nicolas MANGETER de Vic, Balthazard ARNOULD, Antoine de CHALIGNY, maître fondeur, ses cousins, noble César d’HOFFLIZE, Antoine RESSELETY, chanoine à Metz, Jean d’ABOCOURT, Jean HUYN, amis.

Catherine CLAUS fille de +Jean, marchand, assistée de Barthélémy CLAUS, frère, Louis CLAUS, chanoine de Saint-Etienne de Vic, noble François de BOURGOIN, avocat, Pierre LANÇON, procureur au marquisat de Nomeny, Gaspard LANÇON, Léonard LANÇON, ses oncles, Barthélémy GERARD, sergent, cousin."

Le 18 juin 1621, le marché est conclu entre la ville et David et Antoine Chaligny qui s’engagent à fournir pour la Saint Jean de l’été 1625 "l’effigie de Charles III armée de toutes pièces, tenant en main un bâton, semé d’alérions, de croix de Jérusalem et de Lorraine, posée sur un cheval de bronze de neuf pieds de haut (environ 2,90 m), non comprise l’encolure ; à laquelle hauteur seroit le corps dudit cheval, proportionné en toutes ses parties, comme aussi ladite statue en toutes les siennes". Les fondeurs devaient s’inspirer de la statue réalisée pour le grand-duc Cosme 1er de Médicis à Florence.

Le coût de cette oeuvre est estimé à 15 000 francs, soit 3 000 frs comptant et 3 000 frs par moitié en 1622, 1623 et 1624, à Noël et à la St Jean Baptiste. Les 3 000 frs restants sont payables en 1626 dès la réception et la mise en place de l’ouvrage.

Les ducs de Lorraine, en proie à de graves difficultés financières, ne peuvent pas honorer le contrat passé avec les frères Chaligny. Dans le même temps, une mésentente éclate entre les deux frères.

Les comptes du Trésorier général pour 1624 mentionnent : "A Antoine Challigny, fondeur, 80 fr. pour un benoistier avec sa chaîne et guepillon de cuivre, enrichis des ouvrages de relief, mis et attaché contre un des piliers de la chapelle sepulcrale de feue S. A., pour jeter de l’eau benite sur le caveau dans lequel son corps repose."

En 1631, David meurt de la peste, le cheval n’est qu’à "moitié hors de terre".

Après la disparition de son frère, Antoine n’est pas très enthousiaste pour poursuivre le projet : il invoque les règlements non effectués, puis il critique le travail de son frère (corps trop gros, selle trop courte)et le mauvais état de l’oeuvre déjà réalisée. Après expertise d’une commission composée du graveur Demenge Crocx et des sculpteurs Siméon Drouin et César Foulon, la ville alloue 4 200 Frs à Antoine.

L’invasion du duché en 1633 par les troupes françaises interrompt le travail, et à la fin de la guerre en 1659, le cheval de bronze n’est toujours pas livré.

Antoine de Chaligny termine enfin le cheval de bronze et exécute le modèle en terre de la statue de Charles III.

Antoine de Chaligny quitte la Lorraine en 1640 pour Paris où il est nommé Commissaire Général des Fontes de l’Artillerie de France. Il meurt à Paris le 14 octobre 1651. Sa femme, Marie Bonnet, décède le 29 mars 1666.

Son fils Pierre, qui a travaillé avec lui pour la statue de Charles III, lui succède dans sa charge.

La rue de Chaligny à Paris (JPG)

La rue de Chaligny à Paris

Une rue de Paris : la rue Chaligny (dans le 12ème arrondissement) et une station de métro Faidherbe-Chaligny, rappellent le souvenir d’Antoine de Chaligny, dans un quartier toujours voué à la ferronnerie et l’ébénisterie.

Nancy leur a rendu également hommage avec la rue des Chaligny qui relie le boulevard d’Austrasie et l’avenue Charles Emile Collignon (une des portions de l’ancien tracé du chemin des Cinq Piquets, à sens unique, part du boulevard d’Austrasie pour se terminer dans la rue des Chaligny).

Le cheval de bronze

Le cheval de bronze de David et Antoine Chaligny (JPG)

Le cheval de bronze exécuté par David Chaligny
(modèle miniature - Musée Lorrain de Nancy)

Quant au cheval de bronze, son destin n’était pas de rester en Lorraine.

Dès que Louis XIV apprend son existence, il ordonne de l’amener à Paris et, le 23 septembre 1670, enjoint à tous de faciliter son convoyage : "...de faire aplanir les chemins, combler les fossés, couper les arbres et ébranchages où besoin seroit, mesme de faire démolir le cintre des portes des villes et bourgs, qui ne se trouveroient pas assez élevées pour la liberté du passage dudit cheval de bronze, en cas qu’il n’y eust point d’autres chemins pour le faire passer".

La responsabilité du transport incombe à Daniel Fossier et à son adjoint, Poncelet Cliquin. Ce dernier invente, à cette occasion, une machine : "longue cage de charpente sans fond, emboîtant la masse à enlever, les parois latérales composées de forts madriers verticaux reliés par d’autres madriers croisés en W et le plafond percé en longueur d’une suite d’ouvertures régulièrement espacées, à travers lesquelles descendent les cordes d’autant de cabestans".

Il l’utilisera à nouveau en 1674, après l’avoir perfectionnée, pour acheminer deux énormes pierres de Meudon destinées au fronton du Louvre.

La machine inventée par Cliquin est achevée en avril 1671 et le cheval de bronze quitte Nancy le 29 avril 1671. Il est convoyé à Paris non sans difficulté : un attelage de 44 chevaux est nécessaire, les fossés de Nancy sont comblés et un pont spécial est construit. Le convoi avance avec lenteur : cinq jours sont nécessaires pour atteindre le plateau de Haye. A Vitry-le-François, le cheval de bronze est embarqué "sur la rivière de Marne". Le voyage Nancy-Paris aura duré un mois.

Lorsque le cheval de bronze arrive à Paris, le Roi ordonne qu’il soit reçu "à Trompettes sonnantes" et qu’on le place solennellement sous l’Arc de Triomphe construit à l’entrée du Faux-Bourg Saint Antoine, en mémoire de celle de la reine, l’année de son mariage. Mais le cheval est trop petit pour le portique. Les registres des dépenses des bâtiments du Roi indiquent, à la date du 5 septembre 1671, le coût de l’opération pour amener le cheval des Chaligny jusqu’à Paris : 10 000 livres !

L’oeuvre des Chaligny aurait été ensuite convoyée jusqu’à Dijon pour porter une statue de Louis XIV, mais, le 15 août 1792, comme toutes les statues des rois, le cheval a sans doute été fondu.

Il ne serait pas possible de se rendre compte de la qualité du travail des frères Chaligny si le Musée Lorrain ne possédait pas la maquette de leur cheval de bronze.

Jusqu’au 31 janvier 2007, cette maquette trône sur un piédestal au centre de l’exposition organisée par le Musée Lorrain de Nancy, à l’occasion de la réouverture du marché couvert qui vient d’être rénové. (Exposition ouverte tous les jours, sauf le mardi, de 10 h à 12 h 30 et de 14 h à 18 h). Voir notre "Gazette de Chaligny"

Liens externes

-  Description des diverses phases nécessaires à la fabrication d’une statue en bronze : L’art de jeter en bronze des statues

-  Les fondeurs de cloches lorrains




Mis en ligne le mercredi 19 novembre 2008 par Axsane
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